Biographie

Guy Kayser, dit Guykayser nait le 26 février 1954 à Paris, d’un père politicien communiste et d’une mère assistance sociale.

Réfractaire au système scolaire et s’opposant au service militaire, il parcourt l’Amérique latine dès son plus jeune âge, puis se fait arrêter à son retour et emprisonner pour refus de porter l’uniforme. Pour sortir de prison, il fait une grève de la faim qui transforme en kaléidoscope les murs de la prison, et lui révèle sa vocation : Il sera artiste.

Réformé et libéré, il suit les cours de modèle vivant de la place des Vosges, suivi de deux ans aux Beaux-Arts de Paris, puis, en 1980 il installe son atelier dans un squat d’artistes internationaux (américain, serbe, argentin…) à Gentilly. Ce lieu deviendra d’année en année un laboratoire d’idées nouvelles.

En 1983 : il participe au salon de Vitry. Le FDAC du Val de Marne lui achète une pièce (collection du MacVal).

Guykayser se lance dans la fabrication d’objets polychromes et commence à travailler avec Gérard Paresys, ingénieur au CNRS. Ensemble, ils créent leurs premières sculptures numériques et sonores. Leur collaboration perdure depuis lors.

Le bricolage spirituel

À partir de 1988, il expose à la Galerie Jean-Claude Riedel, Rue Guénégaud à Paris.

  • 1988 : Objets mentaux divers et d’aujourd’hui.
  • 1989 : Le bricolage spirituel.
  • 1990 : L’art minimental.

La rencontre avec Jacques Leenhardt, critique d’art, sera importante. En 1991, il collabore avec Wolinski dans l’émission de Denisot « Nulle part ailleurs » : il supervise la palette graphique. Cela sera aussi le début d’une production numérique artistique.

Les échelles

Tout a commencé le jour où l’artiste hérite d’une paire d’échelles en bois de son grand-père. Pour débarrasser l’atelier de ce dernier, il les stocke avec le bois qui lui sert de matière première pour ses créations. L’objet, pris au départ comme simple matériau de récupération marque toutefois un point de rupture dans sa carrière. Pendant dix ans, l’artiste récupérera d’autres échelles, les triturant, les démontant et les assemblant pour en faire des sculptures. Un objet singulier, une simple échelle de bois, dont la découverte est liée au décès d’un aïeul, est ainsi devenu un fil conducteur de sa création. L’échelle le renvoie en effet à ce qu’il est, à savoir un bricoleur et un passeur qui triture la matière avec ses outils, décompose la réalité pour en extraire le sens et l’offrir en miroir à la société. (Véronique Dassié)

  • 1994 : Galerie Julio Gonzales, Arcueil
  • 1995 : Grand Prix de Montrouge
  • 1997 : Galerie Boulakia, Paris

Les autoportraits collectifs

En 1998, le squat dans lequel il travaille est détruit par un programme immobilier. Guykayser et sa famille déménagent dans le Loiret, où il monte ses nouveaux ateliers.

C’est un moment important dans son travail ; cet éloignement le fait rompre avec le monde des galeries et il bifurque vers la création numérique en se focalisant sur le recueil de la parole, l’écoute et les interactions humaines, qui deviennent le matériel avec lequel il conçoit désormais ses installations : les « Autoportraits collectifs ».

  • 2000 : L’envol du tracteur – Participation au projet « 32 + 32 » du « TéATr’éPROUVèTe » de Jean Bojko
  • 2001 : L’étagère de Nevers
  • 2002 : Conviviales de Nannay
  • 2004 : Je te donne ma parole – La Chambre Blanche – Québec
  • 2004 : Xenia et Marcel – Les 80 ans de ma mère – « TéATr’éPROUVèTe » – Corbigny
  • 2004 : De Loire en Seine – Canal de Briare et du Loing
  • 2006 : L’Arbre des Voix – Agglomération Montargoise et rives du Loing
  • 2007 : Le Lavoir – Gentilly
  • 2008/2010 : Vous gagnez à être connu – Montargis
  • 2010/2011 : Les Passagers – Cité du Refuge – Armée du Salut – Paris XIII
  • 2011 : La tournée d’Otto – La tournée d’alimentation culturelle – « TéATr’éPROUVèTe », Corbigny
  • 2015 : Les sièges de l’art – Galerie Agart
  • 2017 : L’étagère de l’état-civil – En ligne
  • 2019 : Trop près du Loing – Centre d’art contemporain Les Tanneries

La photographie et son traitement numérique

À partir de 2001, en parallèle de ces travaux, Guykayser développe plusieurs séries photographiques relevant d’un même principe : un objet du quotidien photographié sous toutes ses formes possibles, suivi d’une transformation numérique manuelle ou générative.

  • 2001 – Paysages
  • 2002 – Fleurs
  • 2004 – Écluses
  • 2008 – Bordus
  • 2012 – Ballons
  • 2015 – Banettes
  • 2020 – Cerclages
  • 2022 – Anneaux

Le traitement génératif des images se fait avec un programme dédié qui indexe et désorganise les pixels de l’image en fonction des variations d’une courbe de données (hauteur d’eau, mortalité, etc.)

Les bordus, un monde à part

2008 – Peter Briggs / Guykayser (les bordus) – Galerie Agart – Amilly

« On est toujours au bord de quelque chose. »

Les bordus sont un ensemble de photographies de détails du « bord du » canal de Briare, qui, assemblé dans un diptyque visualisé par un programme informatique, recrée une photographie unique et multiple ;

« Un bordu c’est sans doute un peu plus qu’un bord et un peu moins qu’une bordure. Si la bordure est ce qui se trouve au bord et s’étend à côté, le bordu serait ce qui s’incruste juste là. Par la force des choses, il serait également la frontière ou le pli où la photo s’articule, comme en miroir (Bernard Chambaz).

Les objets conversationnels et ou dispositif conversationnel

Christophe B-E., qui connaît bien mon travail dit un jour à Guykayser :

« – Je vais te présenter quelqu’un qui travaille sur le langage… Comme toi !

Ce à quoi l’artiste répondit :

« – Je travaille sur le langage moi ? »

C’est ainsi que ce fit la rencontre avec Olivier Baude, chercheur en linguistique au CNRS. Spécialiste du traitement et de l’exploitation des corpus oraux, dans toutes leurs dimensions : parole émancipée, langage exclusif, conversation libre, étude du langage à partir de portraits sonores… Ce que pratiquait déjà Guykayser (sans le savoir) dans ses « Autoportraits collectifs ».

Cette collaboration donnera naissance aux objets et dispositifs conversationnels. Ces objets, mis au point en collaboration avec Gérard Parésys, comportent une base de données et une plate-forme technologique (CoCoON) gérant les données linguistiques à distance, une interface interactive pour écouter et naviguer dans la base de données et un dispositif de captation des pratiques conversationnelles.

C’est dans ce cadre scientifique que Guykayser créé ses objets-sculptures qui génèrent une perturbation avec l’objet scientifique de la collecte audio, en proposant un décalage artistique permettant l’avènement d’une conversation fluide.

  • 2012 : Trous de mémoire
  • 2015 : Les paysages du larynx
  • 2015 : Les voix du bac à sable
  • 2018 : La capsule conversationnelle
  • 2019 : La borne conversationnelle
  • 2021 : Conversations excentrées
  • 2021 : A & B – Ferdinand de Saussure et ses dessins
  • 2022 : Écouter / Parler (artiste associé)
  • 2023/2024 : Ondes, le totem et les flotteurs de l’Ourcq